Compère Lièvre et Dame Pintade

Lièvre
Lièvre

Thanksgiving étant la fête de la Pintade, rien de tel qu’un conte à son honneur…

Cette année-là, la famine était grande. Les plantes mouraient desséchées par le soleil trop ardent. Les quelques animaux survivants étaient décharnés et affaiblis. Tous, sauf Compère Lièvre le très rusé. Celui-ci de bon matin la houe à la main, quitte sa maison, s’en va jusqu’à une grosse plate-forme de pierre et entreprend de sarcler. Or, en ce temps-là, nul ne se moquait d’autrui car les dieux avaient interdit de le faire, sous peine de mort. Voyant Compère Lièvre s’acharner à vouloir cultiver une plate-forme rocheuse, les animaux de la brousse s’assemblent autour de lui:

“Qu’arrive-t-il à notre compère? Est-il devenu fou? Hé ! Azui ! Travaille bien, frère ! Quelle magnifique récolte tu auras! c’est alors que la famine disparaîtra ! Ah le bon champ! Ah le bon cultivateur!”

Et tous rient aux éclats.

Roche
Plate-forme rocheuse

Mais les dieux entendent les railleurs et se fâchent:

“Comment ose-t-on nous désobéir? A mort, les sacrilèges !”

Tous les animaux qui se sont moqués d’Azui, tombent foudroyés sur le sol. Paisiblement, Compère Lièvre dépose sa houe, ramasse les animaux défunts et rentre chez lui très satisfait d’avoir obtenu des provisions pour un certain temps.

Or, non loin de là, habitait Pintade. Elle avait observé toute la scène sans rien dire et l’idée d’Azui lui avait paru bonne. Quelques jours plus tard, Compère Lièvre croise sur son chemin Pintade qui se dirige vers le village à pas pressés.

“Où vas-tu de ce pas rapide, voisine ?” demande t-il.

Pintade
Pintade

–  Ne me retarde pas, mon frère! répond Pintade, très sérieuse, j’ai rendez –vous avec Commère Guenon qui a accepté de me tresser élégamment les cheveux.

–  Ah ! Ah ! Tresser les cheveux d’une pintade ! Ah ! quelle idée ! Chère sœur, où sont tes fameux cheveux, s’il te plaît? Mais tu es complètement folle ! Ah ! Je t’imagine très bien avec une belle coiffure de tresses !

Compère lièvre  rit si fort qu’il se laisse tomber sur le sol, perdant son souffle. C’est alors que les dieux courroucés le foudroient.

Pintade, très contente, n’a plus qu’à ramasser le corps d’Azui et à l’emporter chez elle comme provision de nourriture.

Quand on fait des fourberies aux autres, cela leur donne des idées, parfois.

Conte Mina tire de “Contes des Lagunes et Savanes,” Collection ‘Fleuve et Flamme,’ édition Edicef, 1975.

Leave a Reply

Fill in your details below or click an icon to log in:

WordPress.com Logo

You are commenting using your WordPress.com account. Log Out /  Change )

Facebook photo

You are commenting using your Facebook account. Log Out /  Change )

Connecting to %s