La queue des animaux

Lion
Lion

Jadis, les animaux n’avaient pas de queue. Le cheval ne pouvait pas chasser les mouches, l’écureuil sans queue avait du mal à sauter de branche en branche, le renard était bien moins beau et ne parlons pas du lion!
Le sage roi des animaux, le lion, prit la décision de remédier à cette situation.  Il réfléchit pendant longtemps à la façon dont il allait s’y prendre et à la fin, il fit appeler le renard pour lui demander conseil.
« Tous les animaux ne peuvent pas avoir la même queue », estima le renard.
« Je sais cela, moi aussi », répondit le lion. « Mais comment départager les animaux sans se montrer injuste ? »
Le renard réfléchit un instant, puis déclara :
« C’est simple. Ceux qui arriveront les premiers recevront les plus belles queues. »
Le lion acquiesça :

Renard
Renard

« C’est une excellente idée. Cours vite dans la forêt et préviens tous les animaux qu’ils doivent se présenter à midi, au bord du ruisseau, pour la distribution des queues. »
Le renard transmit le message et courut vite vers le ruisseau pour arriver le premier.  Il fut suivi de près par le cheval, l’écureuil, le chat et le chien qui arrivent toujours les premiers quand on distribue quelque chose.  Vinrent ensuite les autres animaux : l’éléphant, le cochon et le lièvre se présentèrent les derniers.

Lievre
Lievre

Lorsque tous les animaux furent réunis dans la clairière, le lion se mit à distribuer les queues.  Il se servit d’abord lui-même : ce fut une superbe queue, longue et dorée, terminée par un plumeau.  Ensuite, le lion attribua de très belles queues bien touffues au renard et à l’écureuil. Le cheval opta pour une magnifique queue en crin.  Le chien et le chat reçurent encore des queues fort présentables, mais les animaux qui arrivèrent les derniers, se trouvèrent bien démunis.  L’éléphant eut une maigre cordelette avec quelques soies au bout.  Il en fut si navré qu’il en porte aujourd’hui encore la trompe basse.  La queue du cochon était fine comme un ver de terre.  Il la fit boucler pour la rendre plus jolie.  Le pauvre lièvre resta sans queue.  Le chien et le chat commencèrent à se disputer pour savoir lequel d’entre eux avait la plus belle queue.  À la fin, le chien attrapa le chat et lui arracha d’un coup de dents l’extrémité de la queue.  Le chat s’enfuit dans l’arbre et depuis ce jour, il préfère se sauver devant le chien.  Le lièvre ramassa le bout de la queue du chat et le colla sur son derrière.  Ceci explique pourquoi la queue des lièvres est si petite.

Pourquoi la hyène a t-elle le pelage rayé?

Hyena
Hyene

Il y a longtemps très longtemps hyène et lièvre étaient de très bons amis.  Mais la hyène, plus rusée trompait toujours le lièvre.
Chaque fois que ce dernier pêchait un superbe poisson bien dodu, c’était la hyène qui se régalait.  Elle inventait des jeux étranges et sournois qu’elle “gagnait” toujours, puis dévorait le gros poisson cuit par le pauvre lièvre.  Un jour le lièvre prit un si gros poisson que son amie hyène faillit s’étrangler de gourmandise quand elle le vit ! Mais ce jour-là, le lièvre dit:
– “Aujourd’hui est mon jour ! Je mangerai tout seul ce gros poisson !
– “Il est bien trop gros pour ton petit ventre ” rétorqua la hyène; ” il pourrira avant que tu ne finisses de le déguster.
– “C’est vrai, mais je le mettrai à fumer dès ce soir pour le manger par petits morceaux ensuite. Ce sera délicieux ! ”

Lievre
Lievre

La hyène faillit s’évanouir d’envie.  Elle voulait ce poisson.  Elle devait le manger. Et seule !  Elle convoita tant le poisson qu’elle réfléchit à une nouvelle façon de satisfaire son égoïsme et sa gourmandise aux dépends du lièvre.  Elle agirait discrètement.
La nuit venue, la hyène traversa doucement la rivière tout près de laquelle dormait le lièvre.  Le poisson cuisait tout doucement, embroché au dessus du feu et parfumant la nuit.  La hyène gloussa de joie devant le mauvais tour qu’elle jouerait à son amie et s’approcha.  Le lièvre faisait mine de dormir.  Lorsque la hyène s’empara du poisson, le lièvre bondit, attrapa la broche chauffée à blanc et rossa la hyène qui s’enfuit en hurlant de douleur, de honte, mais surtout de rage !
C’est depuis ce temps que la hyène porte des rayures sur son pelage. Et qu’elle hait le lièvre.

Compère Lièvre et les Ignames

Lievre
Lievre

Les hommes de la savane savent tout qu’Azui, le lièvre, est le plus astucieux des animaux.  Mais ils sont si vaniteux qu’ils sont sûrs, eux, d’être plus intelligents que compère lièvre et disent tous :  Moi, homme, je ne peux pas être dupé par un animal, même par le plus rusé de tous !

Des ignames
Des ignames

Voici pourtant ce qui est arrivé un jour.  Dans la forêt, et dans la savane voisine, il n’y avait presque plus rien à manger cette année-là.  Les animaux, affamés, sortaient de la brousse et venaient rôder autour des villages, cherchant sur le sol le moindre grain de mil oublié.  Azui s’était caché dans un fourré, non loin du chemin que suivaient les paysans pour aller cultiver leurs champs.  Il a observé un homme qui tous les soirs, s’en revenait chez lui, portant de grosses ignames sur la tête.  Que faire pour s’en emparer ? Le lendemain, un peu avant le passage de l’homme sur le chemin, Compère lièvre s’y étend sans bouger, contrefaisant le mort.  L’homme arrive près de lui, voit : Voilà un lièvre qui n’est pas mort depuis bien longtemps, se dit-il.  Je vais aller déposer mes ignames près de la hutte, à la lisière de la forêt, et je vais revenir chercher cet animal.  Puis il se remet en marche.  Dès qu’il a disparu, Compère lièvre se relève et court par un raccourci, en direction de la hutte.  Quand il y arrive, il trouve les ignames que l’homme a déposées avant de revenir sur ses pas chercher le lièvre qu’il croit mort.  Azui ramasse les ignames, les charge sur son dos et file à toute vitesse vers sa maison, tout content d’avoir à manger pour plusieurs jours.  Quand à l’homme, bien entendu, il ne trouve pas le lièvre mort sur le chemin … pas plus que les ignames, quand il est de retour à la hutte.  Il comprend alors un peu tard qu’il a été dupé par le rusé animal.  Ah oui ! Vraiment, on peut dire que compère lièvre est le plus astucieux de tous les êtres vivants de la savane !

Conte tiré de “Contes des Lagunes et Savanes,” Collection ‘Fleuve et Flamme,’ édition Edicef, 1975

Pourquoi le Lièvre a la Peau Tachetée de Blanc

 

Lievre
Lièvre

Il y avait une fois un village qui se trouvait loin de toute rivière et de tout marigot.  Tous les jours, les habitants devaient faire une longue, longue marche pour aller prendre l’eau qui leur était nécessaire.  Et lorsqu’ils revenaient, portant les canaris pleins sur leur tête, ils étaient très fatigués.  Tous désiraient vivement que l’on creuse un puits dans le village afin de cesser tout va-et-vient pour transporter l’eau.  Mais, pour faire creuser un puits, il faut de l’argent.  Et personne n’en avait.

Le chef, Lion, songeait sans arrêt à ce problème.  Un beau jour, il lui vient une idée.  Il convoque les habitants et leur dit : « Frères animaux, voici ce que je vous propose.  Chacun d’entre nous va ôter sa peau et aller la vendre au marché ou bien il la tannera pour en faire un tam-tam qu’il vendra également.  Ainsi nous aurons l’argent nécessaire pour faire construire le puits. »

Tous les animaux acceptent.  Ils ôtent leur peau, la portent au marché et la vendent.  D’autres s’en servent pour fabriquer des tambours.  Bientôt, tous ont un peu d’argent.  Tous, sauf Compère Lièvre qui n’avait pas voulu sacrifier son cher pelage et s’était sauvé.  Les villageois achètent les outils et tout ce qu’il faut et entreprennent immédiatement la confection du puits.  Une fois, que celui-ci ait terminée, on fait une grande fête pour célébrer l’évènement.  Chaque soir, les épouses vont puiser de l’eau.  A la tombée de la nuit, on referme soigneusement le puits.

Puits africain
Puits africain

Or, un beau matin, les gens aperçoivent des traces humides sur la terre et sur la margelle.  Quelqu’un est venu prendre de l’eau pendant la nuit !  Mais qui a fait cela ?  Nul ne le sait.

Chef Lion demande à la panthère de monter la garde et de s’emparer de toute personne  qui s’approchera de l’eau.

Lorsque les ténèbres sont très épaisses, Compère Lièvre, car c’était lui le voleur, arrive tout doucement avec son canari.  Il voit la Panthère et se met à faire des bruits étranges pour qu’elle pense qu’il y a un fantôme par là.  Celle-ci entend ces bruits et, terrifiée, s’enfuit.  Alors, le lendemain, voyant qu’on avait encore touché à l’eau, les villageois préparent un piège.  Ils prennent un gros morceau de bois et le badigeonnent de glu puis le placent tout contre la margelle du puits.

Quand l’obscurité règne à nouveau, Compère lièvre arrive.  Il s’approche du puits, se penche sur le rebord en s’appuyant sur le bois.  Et ses mains se trouvent collées.  Compère lièvre croit que quelqu’un l’a saisi et ne veut plus le lâcher.  « Lâche-moi, il, lâche-moi ou je te donne des coups de pied

Se voyant encore prisonnier, Lièvre se débat violemment et tente de frapper son ennemi avec ses pieds qui, bientôt, se trouvent collés aussi.  A l’aube, les animaux arrivent au puits et découvrent Lièvre, bien fixé au morceau de bois par la glu.

« Nous allons le tuer ce vaurien ! crient-ils pour nous venger, nous allons le préparer comme de la viande fumée.  Vite, allumons un grand feu

Compère lièvre n’en mène pas large et il réfléchit au moyen de se tirer de ce tirer de ce mauvais pas.  « Voyons, mes amis, déclare-t-il, vous ne savez donc pas comment on fume un lièvre ?  Il faut toujours l’envelopper de coton et on met le feu à celui-ci. »

Alors les animaux du village le décollent du morceau de bois, apportent un sac de coton, le roulent dedans.  Avant qu’on n’ait eu le temps d’y mettre le feu, compère lièvre se libère et se sauve à toute vitesse.  Mais les lièvres ont toujours dans  leur pelage les petites touffes de coton blanc.

Conte Komkomba tiré de “Contes des Lagunes et Savanes,” Collection ‘Fleuve et Flamme,’ édition Edicef, 1975

Compère Lièvre et Compère Singe

Compère Singe
Compère Singe

Il était une fois deux grands amis, Compère singe et Compère lièvre, le roi de la ruse.  Un jour, ils étaient allés chasser ensemble.  Mais, avant de partir, compère lièvre avait bourré ses joues de sel, prévoyant de jouer un vilain tour à son compagnon.  Le vent, très violent, apporte tout à coup des débris de feuilles mortes mêlées de poussière dans les yeux de linge, l’aveuglant complètement :  Frère, dit-il à son ami sur un ton suppliant, je n’y vois plus goutte.  Je t’en prie !  Souffle-moi dans les yeux pour m’enlever ces poussières qui me font souffrir.

Compère lièvre sourit car c’est bien ce qu’il a prévu.  Il s’approche de son compagnon et souffle dans les yeux de celui-ci tout le sel qu’il conservait dans ses joues.

Le pauvre singe pousse un hurlement de douleur tandis que les larmes ruissellement sur son visage.  Il comprend alors que son ancien ami veut sa mort et s’enfuit en se heurtant contre tous les obstacles qu’il rencontre sans pouvoir les apercevoir.

Seigneur lion, entendant les cris de douleur de l’infortuné, accourt, arrête le malheureux singe aveugle et l’interroge.  Singe lui raconte alors son aventure et lui explique de quelle manière compère lièvre a voulu le tuer pour le dévorer.

Compère Lièvre
Compère Lièvre

Seigneur lion, pris de pitié, accepte de souffler sur les yeux de singe pour le débarrasser des débris de feuilles, des poussières et du sel qui le font si fort souffrir.  Mais lorsqu’il commence à souffler, un peu de sel vole jusqu’au visage du roi des animaux qui, rendu furieux par la souffrance, d’un coup de dent, arrache un œil de singe et l’avale.

Singe, hurlant de douleur, prend aussitôt la fuite.  Seigneur lion se lance à sa poursuite.  Mais les frères de singe viennent au secours du pauvre borgne et le font grimper tout en haut d’un arbre.  Là-haut, une fois en sécurité, singe remercie ses frères et leur raconte ses malheurs.  Chacun des singes décide de l’aider.  L’un après l’autre, ils rétrécissent leurs yeux et en prélèvent un petit morceau.  Puis avec ce que tous ont sacrifié, ils fabriquent un œil tout neuf pour leur frère.

C’est pourquoi, vous le remarquerez facilement, maintenant, les singes ont de petits yeux bien enfoncés dans le crâne.

Conte tiré de “Contes des Lagunes et Savanes,” Collection ‘Fleuve et Flamme,’ édition Edicef, 1975

Compère Lièvre et les Ignames

Azui, compère Lièvre
Azui, compère Lièvre

Les hommes de la savane savent tout qu’Azui, le lièvre, est le plus astucieux des animaux. Mais ils sont si vaniteux qu’ils sont sûrs, eux, d’être plus intelligents que compère lièvre et disent tous : Moi, homme, je ne peux pas être dupé par un animal, même par le
plus rusé de tous !

Voici pourtant ce qui est arrivé un jour. Dans la forêt, et dans la savane voisine, il n’y avait presque plus rien à manger cette année-là .Les animaux, affamés, sortaient de la brousse et venaient rôder autour des villages, cherchant sur le sol le moindre grain de mil oublié. Azui s’était caché dans un fourré, non loin du chemin que suivaient les paysans pour aller cultiver leurs champs.  Il a observé un homme qui tous les soirs, s’en revenait chez lui, portant de grosses ignames sur la tête.  Que faire pour s’en
emparer?  Le lendemain, un peu avant le passage de l’homme sur le chemin, Compère lièvre s’y étend sans bouger, contrefaisant le mort.  L’homme arrive près de lui, voit : Voilà un lièvre qui n’est pas mort depuis bien longtemps, se dit-il.  Je vais aller déposer mes ignames près de la hutte, à la lisière de la forêt, et je vais revenir chercher cet animal.

Des ignames
Des ignames

Puis il se remet en marche.  Dès qu’il a disparu, Compère lièvre se relève et court par un raccourci, en direction de la hutte.  Quand il y arrive, il trouve les ignames que l’homme a déposées avant de revenir sur ses pas chercher le lièvre qu’il croit mort.

Azui ramasse les ignames, les charge sur son dos et file à toute vitesse vers sa maison, tout content d’avoir à manger pour
plusieurs jours.  Quand à l’homme, bien entendu, il ne trouve pas le lièvre mort sur le chemin …pas plus que les ignames, quand il est de retour à la hutte.  Il comprend alors un peu tard qu’il a été dupé par le rusé animal.  Ah oui ! Vraiment, on peut dire que compère lièvre est le plus astucieux de tous les êtres vivants de la savane !

Conte tiré de “Contes des Lagunes et Savanes,” Collection ‘Fleuve et Flamme,’ édition Edicef, 1975.

La Gourde qui Parle

Une gourde
Une gourde

Cette histoire se passe au temps de la famine la plus terrible qu’ait connue notre pays. Les animaux mouraient par milliers.  Ils quittaient les forêts ou ils ne trouvaient plus de nourriture et remontaient vers les rivières, à travers la savane et les montagnes.  Les plus faibles d’entre eux finissaient sous la dent et la griffe des plus forts. Voici comment compère lièvre, le héros aux mille tours, est parvenu, malgré sa petite taille, à se tirer d’affaire.

Compère lièvre n’avait pas mangé depuis plusieurs jours.  Très affaibli, il s’était caché sous un buisson et réfléchissait.  Je n’ai plus assez de forces pour courir très vite et échapper ainsi aux ennemis qui me guettent.  Il faut que je trouve une solution.  Si cela continue, je vais mourir.  Non ! Je ne veux pas!  Si seulement j’avais un compagnon ! A Nous deux, nous pourrions peut-être parvenir à survivre.  Cependant, si je choisis un compagnon plus fort que moi, il me dévorera sans nul doute lorsqu’il me verra dans cet état mais une idée lui vient enfin!  il va trouver son ami Kpedza, le rat palmiste trop petit, lui aussi pour être dangereux.

Compère, écoutez-moi.  J’ai besoin de vous, et vous de moi.  Ensemble, nous pouvons survivre car j’ai idée d’une ruse qui nous sauvera.

Kpedza, le rat palmiste
Kpedza, le rat palmiste

Kpedza répond: Parlez, mon compère.  J’accepte volontiers notre association.

Lièvre explique alors: Comme vous étés tout petit, mon ami, vous entrerez facilement dans la gourde que voici.  Je la mettrai sur mon dos et irai à travers tous les marchés du sud ou ne sévit pas la famine, affirmant partout que je suis un grand magicien.  Comme preuve, je montrerai aux gens que je capable de faire parler une gourde.

En effet, chaque fois que je taperai sur la gourde, vous qui serez à l’intérieur, vous pousserez de grands cris.  Tout le monde s’émerveillera et nous offrira à manger !

Idée merveilleuse! s’écrie Kpedza, mettons-la tout de suite à exécution.

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Compère Lièvre et Dame Pintade

Lièvre
Lièvre

Thanksgiving étant la fête de la Pintade, rien de tel qu’un conte à son honneur…

Cette année-là, la famine était grande. Les plantes mouraient desséchées par le soleil trop ardent. Les quelques animaux survivants étaient décharnés et affaiblis. Tous, sauf Compère Lièvre le très rusé. Celui-ci de bon matin la houe à la main, quitte sa maison, s’en va jusqu’à une grosse plate-forme de pierre et entreprend de sarcler. Or, en ce temps-là, nul ne se moquait d’autrui car les dieux avaient interdit de le faire, sous peine de mort. Voyant Compère Lièvre s’acharner à vouloir cultiver une plate-forme rocheuse, les animaux de la brousse s’assemblent autour de lui:

“Qu’arrive-t-il à notre compère? Est-il devenu fou? Hé ! Azui ! Travaille bien, frère ! Quelle magnifique récolte tu auras! c’est alors que la famine disparaîtra ! Ah le bon champ! Ah le bon cultivateur!”

Et tous rient aux éclats.

Roche
Plate-forme rocheuse

Mais les dieux entendent les railleurs et se fâchent:

“Comment ose-t-on nous désobéir? A mort, les sacrilèges !”

Tous les animaux qui se sont moqués d’Azui, tombent foudroyés sur le sol. Paisiblement, Compère Lièvre dépose sa houe, ramasse les animaux défunts et rentre chez lui très satisfait d’avoir obtenu des provisions pour un certain temps.

Or, non loin de là, habitait Pintade. Elle avait observé toute la scène sans rien dire et l’idée d’Azui lui avait paru bonne. Quelques jours plus tard, Compère Lièvre croise sur son chemin Pintade qui se dirige vers le village à pas pressés.

“Où vas-tu de ce pas rapide, voisine ?” demande t-il.

Pintade
Pintade

–  Ne me retarde pas, mon frère! répond Pintade, très sérieuse, j’ai rendez –vous avec Commère Guenon qui a accepté de me tresser élégamment les cheveux.

–  Ah ! Ah ! Tresser les cheveux d’une pintade ! Ah ! quelle idée ! Chère sœur, où sont tes fameux cheveux, s’il te plaît? Mais tu es complètement folle ! Ah ! Je t’imagine très bien avec une belle coiffure de tresses !

Compère lièvre  rit si fort qu’il se laisse tomber sur le sol, perdant son souffle. C’est alors que les dieux courroucés le foudroient.

Pintade, très contente, n’a plus qu’à ramasser le corps d’Azui et à l’emporter chez elle comme provision de nourriture.

Quand on fait des fourberies aux autres, cela leur donne des idées, parfois.

Conte Mina tire de “Contes des Lagunes et Savanes,” Collection ‘Fleuve et Flamme,’ édition Edicef, 1975.

Une ruse de compère Lièvre

Lievre
Lievre

En période de sécheresse, la terre aride ne produit presque rien, la famine s’étend dans le pays tant pour les hommes que pour les animaux. Cette année, les récoltes avaient été mauvaises et les greniers étaient vides.

Compère d’Azui, le lièvre aux mille ruses, malgré toute sa malice, souffrait de la faim comme les autres. Du matin au soir, il errait à travers la brousse, ramassant des graines de fruits sauvages, des racines: tout ce qui pouvait être mangé. Or, dans la savane, il aperçoit soudain un baobab.

Baobab
Baobab

Il s’en approche, espérant trouver du pain de singe mais il n’y en avait pas. Par contre, lorsqu’il s’approche de l’arbre, des abeilles sortent d’un trou dans le tronc en bourdonnant.

S’il y a des abeilles, il y a du miel se dit compère Azui.

Laissons-les travailler à cette heure! Ne les dérangeons pas! Nous reviendrons ce soir, quand elles seront fatiguées et prêtes à s’endormir. Il sera facile de partager leur repas. Et silence, lièvre s’en retourne chez lui.

Or il y avait dans la savane un génie qui raffolait de miel. Il vient à passer au pied du baobab, aperçoit les abeilles et se tient le même raisonnement qu’Azui.

Genie
Genie

Le lièvre a tellement faim qu’il se presse de revenir. Il arrive exactement au moment où les abeilles viennent de s’endormir. Il enfonce bras dans le trou du baobab, délicatement, et en retire tous les rayons de miel qu’il peut saisir. Il y en avait encore un peu au fond de la ruche mais le bras de compère lièvre était trop court et il ne pouvait l’attraper. Chargé des rayons de miel, Azui s’éloigne du baobab et s’en revient à sa maison. A peine s’est-il éloigné que le génie amateur de miel arrive. Il plonge le bras dans le trou de l’arbre ou nichaient les abeilles mais ne peut atteindre les rayons de miel qui restaient. Pendant qu’il fait des efforts pour y parvenir, il entend quelqu’un arriver. Pour ne pas être surpris, il entre dans la ruche et s’y blottit. Azui, car c’était lui qui revenait, ne voit donc rien. Il s’approche et enfonce le bras dans le trou. Aussitôt le génie comprend que le voleur de miel est de retour et saisit vigoureusement la main de celui-ci compère lièvre, se voyant pris au piège, se débat de toutes ses forces pour se libérèrent criant:

Qui tient mon bras? Lâchez-moi!

Le génie, le tenant toujours, répond:

C’est moi!

– Qui moi?

– Moi le génie-lanceur de la savane qui va te dévorer.

Abeille et Miel
Abeille et Miel

– Ce n’est pas vrai! dit compère livre le rusé. Il n’y a pas de génie-lanceur. Si cela existait, puisqu’il m’a attrapé, il m’aurait déjà projeté très loin de la ruche! Or je suis toujours là mens! tu n’es qu’un petit voleur de miel!

– Ah? je ne suis pas le génie-lanceur de la savane? Ah! Je mens? C’est ce que nous allons voir! rétorque le génie, très vexé, et de toutes ses forces, il lance Azui le plus loin qu’il peut.

Compère lièvre tombe à bonne distance dans de hauts herbes qui amortissent le choc. Il se relève immédiatement et se met à crier:

Lievre content
Lievre content

Tu es vraiment le génie-lanceur de la savane, mais tu es trop bête! Quand tu me tenais solidement par le bras, j’étais ton prisonnier et tu pouvais me dévorer. Essaie donc de le faire maintenant que tu m’as projeté loin de toi et que je suis libre. A peine a-t-il achevé ces mots qu’il se sauve à toute vitesse vers son terrier. Et le génie, furieux et déçu, le voyant filer comme l’éclair comprend un peu tard qu’il a été berné.

C’est parce qu’il sait toujours se sortir d’affaire grâce à ses astuces que tout le monde, ici, dit que compère lièvre est le plus rusé de tous les animaux.

Conte tiré de “Contes des Lagunes et Savanes,” Collection ‘Fleuve et Flamme,’ édition Edicef, 1975.