Spider and the Magic Calabash

spider-5-coloring-pageOnce upon a time there was a village where famine was raging; the king was very worried because the children were dying and the villagers no longer had enough strength to go and cultivate the land. This was where Kaku Ananze, the spider lived. Despite all his cunning, he too was suffering from hunger. Every day he went into the bush in search of roots or seeds that could feed his family. One day, Kaku Ananze was wandering among the bushes. Exhausted with fatigue, he stopped to rest. So he hears a little voice coming out of a thicket which tells him, “Papa Ananze! Papa Ananze!” A bit scared and very curious to know who is calling him, Kaku Ananze enters amidst the thorns and discovers a calabash placed on the ground.

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The calabash all dried up… almost ready to be made into a bowl

As he takes a closer look, the kitchen utensil speaks to him in these terms, “Take me out of this thorn bush and take me to your hut. As a reward, I will make your life happy.”

Spider picks up the calabash and takes it home. Once home, he calls his wife and children. He shows them the utensil and tells them his story. While everyone is amazed, Kaku Ananze leans over the calabash and says to it, “Dear friend, I did everything you wanted. It’s up to you to keep your promise. My people and I are starving and have no food; can you help us?” No sooner does he finish these words than the calabash is filled with all kinds of food: fried yams, beignets, plantains, bananas, chicken, sauce,… They all thank their new friend, eat until they are full. Then Kaku Ananze speaks in these terms, « children, listen to me, and you too, wife ! I am going to carefully hide this magic calabash. Do not tell anyone, under any circumstances, because people will be jealous of our luck and could come and steal the calabash from us. » All family members swear to remain silent. For a few days everything goes well. In the evening, Spider takes the calabash from its hiding place, and politely asks for food, and after the family has eaten, he returns the utensil back.

Beignets
Beignets

But, Kaku Ananze’s wife is very greedy. She hid a few bean fritters in her loincloth as provision for the day. In the afternoon, she goes out of the concession, sits under a mango tree and begins to eat. But her hungry neighbor sees her. The neighbor quietly approaches and starts screaming, “how can you have bean fritters, when everybody is dying of hunger, and that there is no food in the village? Besides, I did not see you pounding the dough or cooking. Who did you steal this from?”

Mrs. Spider is bothered. She immediately gives her remaining beignets to the neighbor, begging her to shut up. This one devours everything then starts making noise again. “Thief! Thief ! Who did you take this from?”  Scared, Mrs. Spider tells her the whole story of the magic calabash found by her husband, and swears to her, that from now on, she will bring her a little food every day if she keeps the secret.

During the night, the neighbor who cannot hold her tongue, tells her husband everything; the husband immediately goes to the king to denounce Kaku Ananze’s selfishness.

The king sends soldiers to search the entire concession of Kaku Ananze, but they do not find anything. The magic calabash has disappeared. And no one ever saw it again.

Adea, kue

The tongue is death.

Contes des Lagunes et des Savanes, Edicef (1975). Translated to English by Dr. Y., Afrolegends.com

L’Araignée et le Poisson-Silure

Kakou Ananzé
Kakou Ananzé

Il était une fois une araignée qui s’appelait Kakou Ananzè.  Il habitait dans un village complètement ruiné par la sécheresse qui sévissait dans le pays.  La famine était atroce et les gens mouraient comme des mouches.

Kakou à moitié mort de faim, décide de se traîner jusqu’à la rivière pour pecher.  Il n’y avait plus qu’un petit filet  d’eau.  Araignée s’assied sur une grosse pierre et surveille sa ligne.  Le flotteur ne bouge pas.  Les heures passent sans qu’il attrape le moindre petit poisson.  La faim le dechire.  Il va abandonner cette vaine recherche de nourriture quand tout d’un coup, la ligne bouge, le flotter s’enfonce.  Fort ! Kakou Ananzè d’un coup sec, tire et sort de l’eau un petit silure gros comme le doigt d’un nouveau-né.  Au moment ou il allait l’avaler tout cru, le poisson se, met à parler :  Compère Araignée, laisse-moi la vie sauve ! aie pitié de, moi ! si tu  à l’eau, je te donnerai un bon conseil et tu ne te repentiras pas de m’avoir écouté.

Araignée hésite.  Mais le silure est si petit qu’il n’apaisera pas sa faim.  Alors il le libère et le remet à l’eau.  Avant de s’en aller en frétillant, le silure remercie Kakou Ananzè en ces termes : Grand merci, comprend  Araignée ! Maintenant, grimpe jusqu’à la troisième branche de ce gros fromager.  Quand tu seras là haut, ferme les yeux et saute.  Tu verras que tu ne regretteras pas de m’avoir obéi.

Poisson-Silure
Poisson-Silure

Kakou fait tout ce que le silure lui a conseillé.  Une fois sur la branche, il ferme les yeux et saute dans le vide.  Quand il touche le sol, il regarde vite autour de lui et sa surprise est grande.  Il se trouve dans une ville magnifique aux maisons luxueuses, aux jardins pleins de fleurs et de fruits.  Les habitants, qui sont tous riches l’emmènent au palais de la reine de ce pays magique qui lui dit alors :  Ici tu peux faire tout ce que tu veux et vivre comme tu l’entends. Une seule chose t’est interdite.  Ne te regarde pas dans le miroir qui est accroché à ce mur.  Si tu respectes cet ordre ; tu seras désormais des nôtres.

Kakou Ananzè obéit pendant plusieurs mois et vit heureux dans le luxe et l’abondance.  Cependant la curiosité le tenaille et il pense toujours au miroir.  Pourrquoi ne puis-je me contempler dans cette glace, se dit-il.  Pourquoi me le défend-on ? Je voudrais bien essayer, une fois seulement pour savoir.

Un beau jour, il n’y tient plus.  Il va dans la grande salle, s’approche du mur ou est accroché le miroir et lève les yeux.  Frrrt ! Il se retrouve aussitôt sur les bords de la rivière de son pays natal, exactement à l’endroit ou il avait péché le petit silure.  Alors, dans son chagrin, il appelle : Poisson ! compère Poisson ! Reviens ! cher petit Silure ! aide-moi !

L’eau frémit et la tête du petit silure apparaît.  Il ouvre la bouche et lui dit : Je veux bien t’aider, araignée ! Alors kakou Ananzè se précipite vers le fromager, grimpe jusqu’à la troisième branche, ferme les yeux et sans hésiter une seconde, saute … Et son corps s’écrase  sur le sol au pied de l’arbre. 

C’est pourquoi l’on dit chez nous qu’il ne faut pas être curieux car la curiosité est souvent punie.

Conte tiré de “Contes des Lagunes et Savanes,” Collection ‘Fleuve et Flamme,’ édition Edicef, 1975

Comment l’Araignée a été punie de sa Malhonnêteté

Panthère
Panthère

Il était une fois un petit village perdu dans une grande forêt. Et dans cette forêt, vivait une panthère très rusée qui chaque nuit, venait dévorer les animaux domestiques des villageois. Le chef avait beau envoyer les meilleurs chasseurs poursuivre la bête féroce, nul ne parvenait seulement à l’approcher. Et, malgré les pièges tendus, malgré les soldats qui faisaient le guet, tous les matins, une chèvre, ou un mouton, ou une génisse avaient disparu, emportés par la panthère.

Le chef fait retentir le gong qui convoque tous les habitants du pays et lorsque tout le monde est rassemblé, il déclare: “Villageois, il faut nous débarrasser de cette bête féroce qui dévaste nos troupeaux! En tant que chef de la communauté et maître de la terre, je jure de donner la donner la moitie des richesses du village au chasseur assez fort pour la ruer et nous apporter sa peau comme preuve de sa prouesse.

Malgré cette promesse, aucun chasseur ne se présente car tous avaient tenté de poursuivre l’animal, mais nul n’était un génie invincible.

Kakou Ananze
Kakou Ananze

Mais Kakou Ananzè, l’Araignée, se trouve passer dans le village on lui raconte l’affaire et il va trouver le chef: “Dans sept jours à partir d’aujourd’hui, je t’apporterai la peau de ton ennemie”, déclare-t-il soigneusement.

Kakou Ananzè est très rusé, et grand inventeur  de fourberies; tout le monde sait cela. C’est pourquoi il quitte le village, prend le chemin de la forêt, armée de flèches et de sagaies. Mais au lieu de se lancer sur les traces de la panthère, il se rend dans une ville assez éloignée et, pendant la nuit, vole la peau de panthère qui décore la case du roi. Puis, il repart sans être vu.

Le matin du septième jour, Kakou Ananzè revient triomphalement trouver le chef qui a promis la moitie des richesses de la communauté et jette la peau de panthère à ses pieds. Les gens s’émerveillent de son habilité et de son courage.

J’ai suivi la bête féroce sept jours et sept nuits sans me lasser, déclare-t-il, d’une voix forte. Et au milieu de la septième nuit, je l’ai tuée ! Continue reading “Comment l’Araignée a été punie de sa Malhonnêteté”

Araignée se marie

Poupee Ashanti
Poupee Ashanti

Il était une fois un grand roi Kotokoli (au Togo) qui possédait deux belles filles.  Elles étaient toutes deux si ravissantes que, pour éviter qu’une mère jalouse leur jette un mauvais sort, le prénom des jeunes filles était tenu secret.  Comme elles ont atteint maintenant l’âge nubile, le roi déclare :

Celui qui sera capable de deviner le nom de mes enfants, deviendra leur époux à toutes deux !

Bien des vaillants guerriers, bien des hardis chasseurs, bien des riches cultivateurs tentent leur chance.  Mais il y a tant de prénoms possibles pour de belles jeunes filles que personne ne parvient à deviner ceux qui sont les bons.

Kakou Ananzè, l’araignée, vient à passer par là.  Il entend parler de la promesse royale, et décide d’épouser les deux beautés.  L’esprit de l’araignée, tout le monde le sait, est plein de ruse et d’astuce.

Kakou Ananze
Kakou Ananze

Voici donc ce qu’il a inventé pour parvenir à ses fins.  Il va se cacher en haut d’un manguier, aux branches bien touffues, tout au bord du marigot ou les jeunes filles ont l’habitude d’aller faire leurs ablutions.

Du haut de l’arbre, il laisse tomber sur une pierre plate, deux beaux bracelets qui se mettent à scintiller au soleil.  L’aînée des jeunes filles aperçoit quelque chose qui brille dans la lumière, sur la berge.  Etonnée, elle appelle sa sœur :

Dimdiya ! Dimdiya ! Ne vois –tu pas un curieux reflet sur cette pierre plate ? Qu’est-ce que cela peut bien être ?

La jeune sœur regarde à son tour et répond : Je n’en sais rien, Anakoussey ! Si nous allions voir de plus près !

Kakou Ananzè profite du fait qu’elles sont penchées sur les bracelets pour descendre de son arbre et s’en aller bien vite.

Un manguier
Un manguier

Le lendemain, Kakou Ananzè revêtu de son pagne de cérémonie, va rendre visite au roi et lui dit : “sire, je suis un puissant magicien de passage dans le pays. Par mon savoir, j’ai pu découvrir le nom de tes deux filles.  Je viens voir si tu tiendras ta promesse.”

“Bon!” dit le roi, favorable à l’idée d’avoir pour genre un puissant magicien, “mes filles seront tes épouses si tu ne te trompes pas.”

“L’aînée de tes enfants s’appelle Anakoussey et la plus jeune Dimdiya” déclare alors solennellement Kakou Ananzè.

A ces paroles, le roi est émerveillé.  Quelques jours plus tard, ont lieu les noces de Kakou Ananzè, d’Anakoussey et de Dimdiya.

Puis les deux sœurs, très heureuses d’avoir épousé un savant magicien, ont suivi leur mari dans Son village.  Quelques années ont passé. Des enfants sont nés et ont grandi.

Un soir Kakou Ananzè, assis dans sa concession, jouait avec ses fils tandis que ses épouses préparaient le repas.  Il dit alors : “Enfants, savez-vous ce que j’ai pour épouser vos mères ?”

Et vaniteux, pour obtenir l’admiration des jeunes garçons, il leur raconte la ruse qu’il avait autrefois inventée.

African princess
African princess

Anakoussey et Dimdiya ont entendu tout le récit et ont compris qu’elles ont été dupées et que leur époux n’est pas un puissant magicien.  Furieuses, pendant la nuit, elles quittent la maison pour aller se réfugier chez leur père à qui elles révèlent la tromperie de l’araignée.

A son, plein de rage, le roi fait appeler ses guerrier; ils vont ensemble chez Kakou Ananzè, l’attrapent et le frappent jusqu’à le laisser pour mort.

Araignée, meurtri et tremblant se relève à grand-peine quand ils sont partis.  Plein de frayeur, il se traîne dans un grand trou qui s’ouvre au tronc d’un vieil arbre et s’y cache.

Où sont les araignées maintenant encore? Vous voyez bien qu’elles continuent à se cacher dans les trous de l’écorce des vieux arbres.

Conte tiré de “Contes des Lagunes et Savanes,” Collection ‘Fleuve et Flamme,’ édition Edicef, 1975.

L’Araignée imite son Ami

Kakou Ananze
Kakou Ananze

Il était une fois dans un village deux amis si intimes qu’ils ne se quittaient jamais. A les voir toujours ensemble, on les aurait pris pour des frères jumeaux. L’un était Kakou Ananze, l’araignée, l’autre Gayagui. Chacun d’eux avait une épouse et quatre enfants.

Un jour, une terrible famine s’abat sur le pays. Les deux amis se lamentaient en cherchant nuit et jour un peu de nourriture. Mais bientôt il n’y a plus ni racine, ni tubercule, ni graine à cueillir dans la forêt. Pour ne pas mourir faim, Kakou Ananze et Gayagui décident de se séparer pour tenter de survivre, en quittant le pays pour en chercher un autre moins infortuné.

Village Africain - Parc de Waza (Cameroun)
Village Africain - Parc de Waza (Cameroun)

Gayagui s’en va vers le nord-ouest, emmenant avec lui tous les siens. Chaque fois qu’au cours de son long voyage, il découvre un peu de nourriture, il en fait deux parts. Il partage la première avec son épouse et ses enfants. L’autre il la garde en réserve. Et ils poursuivent leur route. Enfin, ils arrivent dans un village lointain qui semble très prospère. Il demande au chef l’autorisation de s’y installer avec sa famille le chef, pris de pitié, accepte et lui donne un champ à cultiver. Gayagui se met aussitôt au travail. Mais sa femme, épuisée, meurt. Les villageois s’émeuvent devant ce malheur imprévu qui frappe un homme et des enfants si travailleurs et si gentils. Ils aident Gayagui à enterrer son épouse convenablement puis font une collecte dans toute la région pour lui venir en aide. Chacun donne ce qu’il peut: une poule, un mouton, une daba, des calebasses, des semences, de la nourriture etc. Ainsi Gayagui, grâce à leur aide, devient presque riche et peut mener avec ses enfants une vie convenable.

Pendant ce temps, Kakou Ananze s’était mis en marche vers le nord-est, suivi par son épouse et ses enfants. Lorsque Araignée trouvait quelque chose à manger, il le gardait pour lui et le dévorait aussitôt, tandis que le reste de sa famille survivait à grand-peine.

Champs Africains
Champs Africains

Un jour, sur le chemin, ils rencontrent un groupe de villageois qui venaient de la région ou s’était installé Gayagui …Et ceux-ci leur apprennent ce qui est arrivé et comment Gayagui a trouvé la fortune. Cette histoire donne à réfléchir à Kakou Ananzè. Lorsque, après bien des jours de marche il parvient avec les siens dans un gros bourg qui parait riche et heureux, Araignée tue sa femme et se met à se lamenter très fort pour éveiller la pitié des habitants: Quel malheur ! Oh ! Quel malheur !que vais-je devenir ! Mes pauvres enfants ont perdu leur tendre mère et moi, une bonne épouse qui m’aidait tant dans mon travail. Nous sommes trop pauvre pour lui faire des funérailles convenables. Quel malheur ! Quel malheur !

Les gens s’approchent pour venir à son venir à son secours Mais ils voient que Madame Araignée a été tuée d’un coup de coupe-coupe, que les enfants sont tout maigres et tout faibles alors que Kakou Ananzè a une mine florissante. Alors ils se méfient, prennent avec eux les enfants pour les nourrir mais laissent Araignée sans lui venir  en aide. Celui-ci doit emprunter de l’argent pour la cérémonie des obsèques. Et quand tout est fini, comme il ne peut rien rembourser, il doit se faire engager comme domestique chez de riches fermiers. Comme il est paresseux et égoïste, ses nouveau maîtres ne l’aiment pas et lui donnent plus de coups de bâton que de bonne nourriture. Araignée est bien puni ! C’EST Pourquoi le soir à la veille, il dit toujours à ses enfants: Ecoutez bien votre vieux papa ! N’imitez jamais les autres ! Car ce qui à bien réussi pour eux, peut avoir pour vous une funeste conséquence.

Conte tiré de “Contes des Lagunes et Savanes,” Collection ‘Fleuve et Flamme,’ édition Edicef, 1975.

L’Araignée et la calebasse magique

Kakou Ananze
Kakou Ananze

Il était une fois un village ou la famine sévissait. Le roi se faisait beaucoup de soucis car les enfants mouraient et les villageois n’avaient plus assez de force pour aller cultiver la terre. C’était là que vivait Kakou Ananzè, l’Araignée. Malgré toute sa ruse, lui aussi souffrait de la faim. Tous les jours, il partait dans la brousse à la recherche de racines ou de graines qui puissent nourrir sa famille.

Un jour, Kakou Ananzè était en train d’errer au milieu des buissons. Epuisé de fatigue, il s’arrête pour se reposer. Alors il entend une petite voix qui sort d’un fourré et lui dit : papa Ananzè! papa Ananzè! Un peu effrayé et très curieux de savoir qui l’appelle ainsi, Kakou Ananzè entre au milieu des épines et découvre une calebasse posée sur le sol.

La Calebasse
La Calebasse

Comme il l’examine de plus près, l’ustensile de cuisine lui adresse la parole en ces termes: Sors-moi  de ce buisson d’épines et emmène-moi dans ta case. En récompense, je te rendrai la vie heureuse. Araignée ramasse la calebasse et la rapporte chez lui. A peine arrivé, il appelle sa femme et ses enfants. Leur montre l’ustensile et leur raconte son aventure. Tandis que tous s’étonnent, Kakou Ananzè se penche sur la calebasse et lui dit:

Chère amie, j’ai fait tout ce que tu souhaitais. A toi de tenir ta promesse. Les miens et moi mourons de faim et n’avons pas de nourriture; peux-tu nous aider?

A peine achève-t-il ces mots que la calebasse se trouve remplie de toutes sortes de mets: ignames frites, boules de pâte, bananes–plantains, poulet, sauce, etc.  Ils remercient tous leur nouvelle amie, mangent jusque ce qu’ils soient rassasiés. Puis Kakou Ananzè prend la parole en ces termes :

Enfants, écoutez-moi bien et toi aussi femme! Je vais aller cacher soigneusement cette calebasse magique. Ne racontez cette histoire à personne, sous aucun prétexte. Car les gens jaloux de notre chance pourraient venir nous voler celle qui désormais, va tous nous nourrir.

Tous les membres de la famille jurent de garder le silence. Pendant quelques jours, tout se passe bien. Le soir, Araignée sort la calebasse de la cachette, lui demande poliment de la nourriture et, après que la famille ait mangé, remet l’ustensile à l’abri.

Beignets
Beignets

Or, la femme de Kakou Ananzè était très gourmande. Elle avait caché dans son pagne quelques beignets de haricot comme provision pour la journée. Dans l’après-midi, elle sort dans la concession, s’assied sous un manguier et commence à manger. Mais sa voisine affamée, l’aperçoit. Elle s’approche sans faire de bruit et se met à crier: “comment peux-tu avoir des beignets de haricot  alors que tout le monde meurt de faim et qu’il n’y a plus de nourriture dans le village? D’ailleurs, je ne t’ai pas vue piler la pâte ni faire la cuisine. A  qui as-tu volé cela ?”

Madame Araignée est ennuyée. Elle donne immédiatement les beignets qui lui restent à la voisine en la suppliant de se  taire. Celle-ci dévore tout puis recommence à faire du tapage: “Voleuse ! Voleuse! A qui as-tu pris cela ?”

Effrayée, madame Araignée lui raconte alors toute l’affaire de la calebasse magique trouvée par son mari, et lui jure que, désormais, elle lui portera tous les jours un peu de nourriture si elle garde le secret. Pendant la nuit, la voisine ne peut tenir sa langue et raconte tout à son mari qui s’en va aussitôt chez le roi dénoncer l’égoïsme de Kakou Ananzè.

Le roi envoie des soldats fouiller toute la concession de Kakou Ananzè. Mais ils ne trouvent rien. La calebasse magique a disparu. Et jamais plus personne ne l’a revue.

Adea, kue: La langue, c’est la mort.

Conte tiré de “Contes des Lagunes et Savanes” Collection ‘Fleuve et Flamme’, Edition Edicef, 1975.

Pourquoi les éléphants ont une trompe

Araignee
Kakou Ananze

C’était il y a très, très longtemps à l’époque ou les animaux parlaient et ou les hommes pouvaient comprendre leur langage. Il y avait une grande famine. Kakou Ananzè, l’araignée-à-l’esprit-plein  d’astuce a résolu de partir à travers le pays, en quête de nourriture. Il marche longtemps, longtemps, pendant des jours et des nuits. Il aperçoit  enfin au loin une fumée qui monte dans le ciel. Il se dirige vers elle. En arrivant, il voit le génie Aziza  en train de manger, assis auprès du feu. Sa longue et épaisse chevelure se hérisse autour de sa tête et retombe sur son visage, cachant complètement ses yeux et l’empêchant de voir. Kakou Ananzè  s’approche tout doucement du génie Aziza et, sans faire le moindre bruit, commence à voler un peu de nourriture. Quand Aziza prend un morceau de viande, Araignée, vite en prend un autre, tout en faisant bien attention que sa main ne rencontre jamais celle du génie. Bientôt il ne reste plus qu’un seul morceau dans le plat. Instinctivement, Araignée tend la main. Au même  moment, le génie tend la sienne, ce qui  fait  qu’elles se rencontrent.

Qui est là? gronde le génie.

– C’est  moi Kakou Ananzè, dit l’Araignée d’une faible voix.

– Je vais te dévorer, rugit Aziza en se dressant.

– Je le veux bien! Répond Kakou Ananzè, mais auparavant, puissant génie, laissez-moi tresser votre chevelure afin que vous puissiez me voir.

Elephant
Elephant

Aziza accepte et se rassie, s’adossant à un arbre. Araignée se met à rire sous cape, et prend les longs cheveux du génie. Mais au lieu de les tresser, il s’en sert pour entourer le tronc de l’arbre et ainsi attache solidement Aziza  de façon à ce que celui-ci ne puisse plus faire un mouvement.

Te voila prisonnier, pauvre sot! C’est moi maintenant qui vais te dévorer!

Kakou Ananzè met le feu à l’arbre. Et le génie est grillé. Quand il est cuit à point, Araignée le mange. Bientôt il ne reste plus que les os d’Aziza. Déçu, car il avait encore faim, Kakou Ananzè se met à examiner le petit tas d’ossements à la recherche  d’un lambeau de viande oublié. Et un os bien long et bien pointu lui pique le nez, puis  s’y fixe. Le nez de l’araignée enfle, s’allonge et devient une sorte de longue trompe.

Que vais-je devenir avec cette horrible chose sur le visage? se lamente Kakou Ananzè, il faut que je redevienne normal car les gens vont rire de me voir ainsi.

La trompe de l'elephant
La trompe de l'elephant

Or en là, les animaux avaient coutume d’ôter leur nez et de le déposer sur la berge de la rivière ou du marigot, avant d’entrer dans l’eau pour se laver. Araignée profite de cette habitude. Il court jusqu’à la rivière la plus proche et se cache dans les arbustes. Eléphant arrive pesamment pour faire sa toilette. Il ôte son nez, le dépose soigneusement sur l’herbe et entre dans l’eau. Alors Kakou Ananzè s’empare du nez d’Eléphant, ôte sa vilaine trompe qu’il  dépose sur l’herbe. Il fixe sur son visage le nez volé et s’enfuit à toute allure.

Quand Eléphant a terminé son bain, il remonte sur la berge et veut récupérer son bien. Mais malgré ses recherches il ne trouve que la vilaine trompe, et il est contraint de la mettre sur sa figure.

Conte tiré de “Contes des Lagunes et Savanes,” Collection ‘Fleuve et Flamme,’ édition Edicef, 1975.