“Ôde à la Guinée” de Aimé Césaire

Aimé Césaire
Aimé Césaire

Aimé Césaire, le grand écrivain et poète Martiniquais, présente ici son Ôde à la Guinée… ce chant qui s’élève et embrasse la Guinée, ce pays si cher qui était le premier en Afrique francophone à reclamer son indépendance à la France, ce pays-là qui nous a montré à tous Africains, que comme disait si bien Sékou Touré: ‘nous préférons la pauvreté dans la dignité à l’oppulence dans l’esclavage.‘ C’est bien pour cela que Aimé Césaire a chanté pour la Guinée!

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Ôde à la Guinée

Et par le soleil installant sous ma peau une usine de force et d’aigles
et par le vent sur ma force de dent de sel compliquant ses passes les mieux sues
et par le noir le long de mes muscles en douces insolences de sèves montant
et par la femme couchée comme une montagne descellée et sucée par les lianes
et par la femme au cadastre mal connu où le jour et la nuit jouent à la mourre des eaux de sources et des métaux rares
et par le feu de la femme où je cherche le chemin des fougères et du Fouta-Djallon
et par la femme fermée sur la nostalgie s’ouvrant
JE TE SALUE
Guinée dont les pluies fracassent du haut grumeleux
des volcans un sacrifice de vaches pour mille faims
et soifs d’enfants dénaturés
Guinée de ton cri de ta main de ta patience
il nous reste toujours des terres arbitraires
et quand tué vers Ophir ils m’auront jamais muet
de mes dents de ma peau que l’on fasse
un fétiche féroce gardien du mauvais oeil
comme m’ébranle me frappe et me dévore ton solstice
en chacun de tes pas Guinée
muette en moi-même d’une profondeur astrale de méduses.

Aimé Césaire

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Guinea-Conakry
Guinea-Conakry

Ode to Guinea” by Aimé Césaire

And by the sun installing a power and eagle fac­tory under my skin
and by the wind elab­o­rat­ing the passes it knows best over my power of tooth of salt
and by the black ris­ing along my mus­cles in sweet sap-like effron­ter­ies
and by the woman stretched out like a moun­tain unsealed and sucked by lianas
the woman with the lit­tle known cadas­tre where day and night play mora for spring­head waters and
rare met­als
and by the fire of the woman in which I look for the path to ferns and to Fouta Jal­lon
and by the closed woman open­ing on nostalgia

I HAIL YOU

Guinea whose rains from the cur­dled height of vol­ca­noes shat­ter a sac­ri­fice of cows for a thou­sand
hungers and thirsts of dena­tured chil­dren
Guinea from your cry from your hand from your patience
we still have some arbi­trary lands
and when they have me, killed in Ophir per­haps and silenced for good,
out of my teeth out of my skin let the make
a fetish a fero­cious guardian against the evil eye
as your sol­stice shakes me strikes me and devours me
at each one of your steps Guinea
silenced in myself with the astral depth of medusas

from The Col­lected Poetry of Aimé Césaire, trans­later by Clay­ton Esh­le­man and Annette Smith.

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