
Il y avait une fois un village qui se trouvait loin de toute rivière et de tout marigot. Tous les jours, les habitants devaient faire une longue, longue marche pour aller prendre l’eau qui leur était nécessaire. Et lorsqu’ils revenaient, portant les canaris pleins sur leur tête, ils étaient très fatigués. Tous désiraient vivement que l’on creuse un puits dans le village afin de cesser tout va-et-vient pour transporter l’eau. Mais, pour faire creuser un puits, il faut de l’argent. Et personne n’en avait.
Le chef, Lion, songeait sans arrêt à ce problème. Un beau jour, il lui vient une idée. Il convoque les habitants et leur dit : « Frères animaux, voici ce que je vous propose. Chacun d’entre nous va ôter sa peau et aller la vendre au marché ou bien il la tannera pour en faire un tam-tam qu’il vendra également. Ainsi nous aurons l’argent nécessaire pour faire construire le puits. »
Tous les animaux acceptent. Ils ôtent leur peau, la portent au marché et la vendent. D’autres s’en servent pour fabriquer des tambours. Bientôt, tous ont un peu d’argent. Tous, sauf Compère Lièvre qui n’avait pas voulu sacrifier son cher pelage et s’était sauvé. Les villageois achètent les outils et tout ce qu’il faut et entreprennent immédiatement la confection du puits. Une fois, que celui-ci ait terminée, on fait une grande fête pour célébrer l’évènement. Chaque soir, les épouses vont puiser de l’eau. A la tombée de la nuit, on referme soigneusement le puits.
Or, un beau matin, les gens aperçoivent des traces humides sur la terre et sur la margelle. Quelqu’un est venu prendre de l’eau pendant la nuit ! Mais qui a fait cela ? Nul ne le sait.
Chef Lion demande à la panthère de monter la garde et de s’emparer de toute personne qui s’approchera de l’eau.
Lorsque les ténèbres sont très épaisses, Compère Lièvre, car c’était lui le voleur, arrive tout doucement avec son canari. Il voit la Panthère et se met à faire des bruits étranges pour qu’elle pense qu’il y a un fantôme par là. Celle-ci entend ces bruits et, terrifiée, s’enfuit. Alors, le lendemain, voyant qu’on avait encore touché à l’eau, les villageois préparent un piège. Ils prennent un gros morceau de bois et le badigeonnent de glu puis le placent tout contre la margelle du puits.
Quand l’obscurité règne à nouveau, Compère lièvre arrive. Il s’approche du puits, se penche sur le rebord en s’appuyant sur le bois. Et ses mains se trouvent collées. Compère lièvre croit que quelqu’un l’a saisi et ne veut plus le lâcher. « Lâche-moi, il, lâche-moi ou je te donne des coups de pied.»
Se voyant encore prisonnier, Lièvre se débat violemment et tente de frapper son ennemi avec ses pieds qui, bientôt, se trouvent collés aussi. A l’aube, les animaux arrivent au puits et découvrent Lièvre, bien fixé au morceau de bois par la glu.
« Nous allons le tuer ce vaurien ! crient-ils pour nous venger, nous allons le préparer comme de la viande fumée. Vite, allumons un grand feu.»
Compère lièvre n’en mène pas large et il réfléchit au moyen de se tirer de ce tirer de ce mauvais pas. « Voyons, mes amis, déclare-t-il, vous ne savez donc pas comment on fume un lièvre ? Il faut toujours l’envelopper de coton et on met le feu à celui-ci. »
Alors les animaux du village le décollent du morceau de bois, apportent un sac de coton, le roulent dedans. Avant qu’on n’ait eu le temps d’y mettre le feu, compère lièvre se libère et se sauve à toute vitesse. Mais les lièvres ont toujours dans leur pelage les petites touffes de coton blanc.
Conte Komkomba tiré de “Contes des Lagunes et Savanes,” Collection ‘Fleuve et Flamme,’ édition Edicef, 1975