Je l’ai vue quand Dieu l’a créée sur la Montagne :

C’était une pleine nuit, la lune ayant atteint

Le plus haut niveau de ses crues de lumière.

Avant que Dieu ne parût comme jadis sur l’Horeb,

L’herbe alentour marchait déjà tête baissée

Sous la brise.

Il prit de la terre non battue de quelque pied,

Et la coula – vierge comme au Jour Premier –

Dans un long rayon de lune.

En un tour de main, ce fut le tour des seins ;

Et la grâce et l’esprit giclaient d’Eve

En eclaboussements éblouissants de lumière.

Puis vint le signal :

Dans l’espace nu, le vent se mit à tourner sur lui-même

Comme s’il avait mal de ne pouvoir se détendre

Dans un arbre. Dieu reprit l’air dans le tourbillon ;

Et dans le silence plein de clarté,

L’Eve congolaise descendit vers le fleuve à l’heure

Où le soleil sort en refermant derrière lui

La porte de la nuit.

I saw her when God created her on the Mountain:

It was a full night, the moon having reached

the fullest level of its light floods.

Before God appeared as He once did on the Horeb,

The grass around was already walking head down

Under the breeze

He took some dirt from some foot,

And the flow – virgin as on the First Day –

In a long moon ray.

In no time it was the turn of the breasts ;

And the grace and the spirit spurted from Eve

In dazzling splashes of light.

Then came the signal :

In the naked space, the wind started to turn on itself

As if it hurts not to be able to relax

In a tree. God took the air back in the whirlwind;

And in the silence full of clarity,

The Congolese eve descended towards the river at the time

When the sun comes out closing behind him

The door of the night.