“Nuit de Sine” Léopold Sédar Senghor / “Night in Sine” by Leopold Sedar Senghor

Léopold Sédar Senghor
Léopold Sédar Senghor

Today, I will publish another poem,” Nuit de Sine / Night in Sine,” by Léopold Sédar Senghor. The poem was published in Oeuvre Poetique, Paris, Seuil, 1990 P. 14-15.  The English translation was done by Melvin Dixon, in The Collected Poems, 1998, Univ. of Virginia Press.

Nuit de Sine

Femme, pose sur mon front tes mains balsamiques,
tes mains douces plus que fourrure.
Là-haut les palmes balancées qui bruissent dans la haute brise nocturne
À peine. Pas même la chanson de nourrice.
Qu’il nous berce, le silence rythmé.
Écoutons son chant, écoutons battre notre sang sombre, écoutons
Battre le pouls profond de l’Afrique dans la brume des villages perdus.

Voici que décline la lune lasse vers son lit de mer étale
Voici que s’assoupissent les éclats de rire, que les conteurs eux-mêmes
Dodelinent de la tête comme l’enfant sur le dos de sa mère
Voici que les pieds des danseurs s’alourdissent,
que s’alourdit la langue des chœurs alternés.

C’est l’heure des étoiles et de la Nuit qui songe
S’accoude à cette colline de nuages, drapée dans son long pagne de lait.
Les toits des cases luisent tendrement.
Que disent-ils, si confidentiels, aux étoiles ?
Dedans, le foyer s’éteint dans l’intimité d’odeurs âcres et douces.

Femme, allume la lampe au beurre clair, que causent autour les Ancêtres
comme les parents, les enfants au lit.
Écoutons la voix des Anciens d’Elissa. Comme nous exilés
Ils n’ont pas voulu mourir, que se perdît par les sables leur torrent séminal.
Que j’écoute, dans la case enfumée que visite un reflet d’âmes propices
Ma tête sur ton sein chaud comme un dang au sortir du feu et fumant
Que je respire l’odeur de nos Morts, que je recueille et redise leur voix vivante,
que j’apprenne à
Vivre avant de descendre, au-delà du plongeur,
dans les hautes profondeurs du sommeil.

 

Night in Sine

Woman, place your soothing hands upon my brow,
Your hands softer than fur.
Above us balance the palm trees, barely rustling
In the night breeze. Not even a lullaby.
Let the rhythmic silence cradle us.
Listen to its song. Hear the beat of our dark blood,
Hear the deep pulse of Africa in the mist of lost villages.

Now sets the weary moon upon its slack seabed
Now the bursts of laughter quiet down, and even the storyteller
Nods his head like a child on his mother’s back
The dancers’ feet grow heavy, and heavy, too,
Come the alternating voices of singers.

Now the stars appear and the Night dreams
Leaning on that hill of clouds, dressed in its long, milky pagne.
The roofs of the huts shine tenderly. What are they saying
So secretly to the stars? Inside, the fire dies out
In the closeness of sour and sweet smells.

Woman, light the clear-oil lamp. Let the Ancestors
Speak around us as parents do when the children are in bed.
Let us listen to the voices of the Elissa Elders. Exiled like us
They did not want to die, or lose the flow of their semen in the sands.
Let me hear, a gleam of friendly souls visits the smoke-filled hut,
My head upon your breast as warm as tasty dang streaming from the fire,
Let me breathe the odor of our Dead, let me gather
And speak with their living voices, let me learn to live
Before plunging deeper than the diver
Into the great depths of sleep.