Les trois gourmands

Les 2 gourmands au marche
Les 2 gourmands au marche

Un jour, deux gourmands se rencontrèrent.

– D’où venez-vous? Demanda le premier.

– J’avais toujours faim, répondit l’autre. Chez moi, je mangeais tout ce que je trouvais: ma part, celles de mes frères, celle de ma mère et même les provisions. Alors mon père m’a envoyé me rassasier ailleurs… et vous, camarade, peut-on savoir ce qui me vaut le plaisir de vous rencontrer?

– Moi, dit le compagnon, j’ai un ventre si grand que je n’arrive jamais à le remplir tout à fait. J’ai beau manger toute la journée, l’appétit ne me quitte pas. Alors mon père m’a trouvé trop difficile à nourrir et il m’a chassé de la maison.

– Dans ce cas, reprit l’autre, nous sommes faits pour nous entendre.

Au bout d’un moment, le plus jeune pressa son ventre avec ses mains, fit la grimace et soupira:

– J’ai faim!

– Moi aussi, j’ai faim, grogna l’autre.

– Allons chercher à manger!

Comme ils arrivaient à un village, ils se dirigèrent vers le marché et achetèrent un panier plein de haricots bien cuits.

Ils allaient commencer à manger, quand le plus jeune protesta:

– Camarade! Nous avons aussi faim l’un que l’autre; nos deux parts doivent être égales; mais comment faire pour que chacun de nous ait exactement son compte?

– C’est bien simple, dit l’autre: achetons deux aiguilles, nous piquerons à tour de rôle un haricot à la fois; ainsi le partage sera bien fait.

Ils firent comme il avait dit: ils achetèrent deux aiguilles et se mirent à manger en piquant les haricots un à un. Bientot il ne resta dans le panier qu’un seul haricot, un haricot pour deux!……

– Que faire? Demanda l’aîné?

– C’est très facile, répondit le jeune: il suffit de couper ce haricot en deux parties égales.

– Mais qui donc fera la partage? Interrogea l’aîné. Si c’est moi, je garderai la plus grosse part; et si c’est toi, tu te serviras trop bien!

Statuette Fang
Statuette Fang

Un passant survint à ce moment.

– Aidez-nous, lui demandèrent les deux compagnons. Coupez ce haricot en deux parties égales.

Le nouveau venu sortit son couteau, l’ouvrit, saisit le haricot, le coupa gravement en deux parties, donna une part a chacun des deux compagnons, puis comme il ne voulait rien perdre de cette excellente nourriture, il lécha la lame de son couteau avec tant d’application… qu’il s’entailla la langue.

Dis-moi, toi qui as lu cette histoire, quel est le plus gourmand des trois?

D’après un conte de l’Afrique noire, tiré de Contes de la Brousse et de la Forêt, de A. Davesne. Illustrations tirées du meme livre.